Jeudi 11 juillet 2024, le duo Le quadrille des homards était au sein de la résidence Saint-Lazare du Centre Hospitalier de Soissons pour une après-midi de danse et de dessin.
Sarah Nouveau lance un bras vers le ciel et se contorsionne légèrement vers la droite. Les deux pieds sur un tapis de yoga, elle s’étire. A sa droite, Caroline Chopin, sculptrice et dessinatrice, trie ses crayons. « Nous avons remarqué que c’est plus puissant dans l’intime, s’exclame Caroline. Et puis même si on appelle cela des impromptus, on les prévient en amont car le côté surprise ne fonctionne pas bien avec ce public. » Les deux artistes déambulent depuis trois semaines dans la résidence Saint-Lazare du centre hospitalier de Soissons au chevet des résidents. « La réception est différente en fonction des personnes, poursuit Sarah. Il faut un peu de temps pour briser la glace parfois. » Sarah est danseuse. Cette après-midi elle propose de courtes performances chorégraphiques. Pour cela, les résidents sont d’abord invités à choisir des cartes : des formes, puis des couleurs. Leur choix influence la musique et la danse que Sarah effectue ensuite sous leurs yeux. Au même moment, Caroline dessine le corps de son amie danseuse qui se meut. A la fin de la performance, l’artiste offre le dessin aux spectateurs.
Une dame apparait à la porte d’entrée de la salle d’activité où Sarah finit d’étirer ses mollets. Elle semble soucieuse, le visage fermé. C’est Sylviane, une résidente. « Ce sera en haut, dans le salon Chopin, on arrive, on va vous y emmener », lui explique Peggy Wozniak, coordinatrice de l’ animation de l’établissement. Elle parle fort en articulant exagérément pour que Sylviane qui souffre de surdité puisse lire sur ses lèvres. Quelques minutes plus tard, ils sont 5 résidents à s’installer sur les canapés du salon Chopin. Sarah mélange les cartes et la petite équipe choisit 2 images. Soudain les premières notes de musique sortent de la petite enceinte que Sarah tient dans ses mains. Elle la repose et entame une première danse. Caroline, assise au milieu du public débute son dessin.
« Comme au spectacle »
Dans le public, les sourcils de Sylviane se défroncent. Elle sourit et regarde apaisée le spectacle qui s’offre à elle. Sylviane n’entend plus, mais elle voit, elle voit le corps de la danseuse. Elle voit les doigts de la dessinatrice qui glissent sur la page blanche. A sa gauche, Joséphine a les yeux pétillants et la bouche ébahit. Elle suit les mouvements de la danseuse avec sa tête, dans une chorégraphie bien à elle. Elle ne la quitte pas des yeux. Elle rit, pousse des petits cris d’enthousiasme. « Si on faisait ça tous les jours, on serait en forme », s’écrie-t-elle à la fin de la chorégraphie. Elle rit, et son rire danse aussi dans le petit salon. Puis, les résidents se lèvent pour une valse. Maryse, une des animatrices, saisit le bras de Sylviane et l’entraine sur la piste. En quelques secondes, tout le monde est debout. Petits pas. Petits pas. Petits pas…
Joséphien nous parle de la danse
Quelques minutes plus tard, une seconde représentation a lieu un peu plus loin dans le couloir. Cette fois, c’est sur les vitres que dessine Caroline. Puis, le duo se rend dans la chambre 46 où Josiane se repose dans son lit. « Bonjour madame, comment allez-vous ? demande Sarah », « Vous pouvez éteindre la télé ? demande poliment Caroline, vous serez comme au spectacle ». Josiane s’amuse : « J’ai bonne mine aujourd’hui ça tombe bien ! C’est ma première sortie officielle » dit-elle avec humour.
Pour Peggy Wozniak, le projet est une réussite : « Je les ai accompagnées plusieurs fois lors de leurs interventions et j’ai vu des sourires, des larmes, de l’émerveillement. C’est magique ! », réagit-elle.