Mercredi 9 juillet 2025, au cœur du parc verdoyant de l’IME La Pépinière à Loos, quelques notes d’accordéon flottent dans l’air, des voix murmurent, des banderoles frémissent le long des chemins. C’est la restitution de la compagnie ON OFF, accueillie dans le cadre du festival Zik’n’ Roul du GAPAS. Une restitution sous forme de balade sensorielle qui intervient suite aux ateliers menés par les comédiennes auprès des jeunes de l’Institut d’Education Motrice (IEM) Le Passage à Wasquehal.
Ce dernier, ainsi que l’Institut Médico Educatif (IME) La Pépinière font partie du GAPAS, une association lilloise qui accompagne des enfants et adultes en situation de handicap, à travers 32 établissements dans les Hauts-de-France et l’Île-de-France , dont 18 structures spécifiquement sur la métropole lilloise
À l’origine de cette balade: deux artistes, comédiennes et chanteuses, Cécile Thircuir et Stéphanie Petit, venues partager leur univers décalé avec un public souvent peu représenté sur les scènes artistiques : des adolescents et adolescentes en situation de pluri handicaps et de poly handicaps. Ensemble, ils ont inventé une forme à leur image : fluide, poétique, joyeusement imprévisible.


Une balade à l’aveugle, pour mieux ressentir
Dès les premiers instants, le dispositif surprend : le public est accueilli par Nadine et Nadine, « docteures de l’hôpital Gilbert Montagné d’Hazebrouck », invité à enfiler un masque sur les yeux, à attraper une corde, puis à marcher lentement, les sens en alerte. La voix de Cécile guide les pas des marcheurs en chanson.
Puis, les masques sont retirés. Le public découvre une haie d’honneur joyeuse formée par les jeunes de l’IEM Le Passage, souriants, bras levés. On passe sous des fils tendus auxquels pendent des tissus colorés, frôlant les visages. En deux temps, trois mouvements, le groupe s’est déplacé face au public des marcheurs pour leur offrir un chant.
Dans ma guitare


Pieds dans l’eau, voix dans les arbres
La promenade se poursuit jusqu’à un petit cercle de chaises, installé à l’ombre, au milieu du jardin. À leurs pieds : des bacs d’eau. Les chaussures tombent. Les pieds s’immergent. Les corps se détendent. Dans cette mise en condition sensorielle, la musique peut commencer. Cécile lance à l’accordéon les premières notes.
Certains chantent avec entrain, d’autres tapent dans les mains ou balancent doucement la tête. Le public se laisse porter, amusé par cette simplicité désarmante. Entre chaque chanson, des rires et des clapotis.
S'essuyer les pieds

Cette restitution est l’aboutissement d’un travail collectif mené dans le cadre du dispositif Plaines Santé. Pendant plusieurs semaines, les artistes sont venues à l’IME pour animer des ateliers, en lien étroit avec l’équipe éducative. Ensemble, ils ont appris à se connaître, à créer une confiance, à adapter les exercices en fonction de chacun. « Cette expérience nous a fait sortir de notre zone de confort. Il a fallu construire chaque séance avec les éducatrices, comprendre les rythmes de chacun, apprendre à être patientes. Chaque enfant est un monde. », réagit Cécile à la fin de la ballade. Stéphanie complète : « Je suis reconnaissante du dispositif Plaines Santé. Sans lui, je n’aurais sans doute jamais osé franchir la porte d’un IEM. Je ne me sentais pas légitime. Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir participé à cette aventure.»
Pour les éducatrices, ce projet a été positif. Mélanie François, éducatrice spécialisée, raconte : « On a vu des jeunes réclamer les chansons entre les séances. C’est devenu un rituel. Ils ont très bien accueillis le projet. »
Lucas, 18 ans, confie après la représentation qu’il était content d’avoir participé. Yannick, plus discret, avoue lui aussi avoir « beaucoup aimé. Au terme de cette parenthèse sensorielle et musicale, le public repart avec les pieds encore humides, et l’esprit léger.
Lucas


