Pour la deuxième saison de Plaines Santé, le duo Les Beaux Jours, formé par Rachel Bazoge et Gabriel Lenoir, a posé ses valises à l’EMSP de l’Oise, pour une série d’impromptus musicaux.
« – Bonjour et bienvenus ! Je m’appelle Rachel. – Et moi je m’appelle Gabriel. – Nous allons commencer par une musique en flamand… »
Les deux violonistes se lèvent au milieu de la salle Snoezelen, un espace d’éveil sensitif de l’Institut Médico-Professionnel de Ribécourt-Dreslincourt dans l’Oise. Les notes de musique viennent se loger dans la matière : les bulles colorées de la colonne d’eau semblent frémir en rythme, accompagnée par les mouvements lents des liquides multicolores du kaléidoscope mural. La lumière tamisée et l’atmosphère si particulière du lieu enveloppent le public et les musiciens dans une bulle de douceur.
Et le public est restreint ce matin-là : trois jeunes, Nathalie, Anaïs et Anthony, accompagnés de leur infirmière. L’impromptu est une surprise. Leur timidité initiale s’estompe rapidement. Voilà que Nathalie se lève pour danser main dans la main avec son infirmière. Les musiciens dansent à leur tour. Anaïs est submergée par une vague d’émotions. Assise confortablement sur un gros pouf entouré de fils fluorescents, elle filme la scène. « C’est la première fois que je vois des musiciens en vrai », confie-t-elle.
« On va terminer par une polka flamande ». Anaïs et Anthony se lèvent à leur tour pour danser en ronde avec Nathalie. La musique se termine. Les jeunes remercient les musiciens et non sans regret, quittent la salle. Dans la pièce d’à côté, ils remettent leurs chaussures tranquillement, encore émus. « C’était tellement bien, j’ai beaucoup aimé » s’enthousiasme Anaïs, « J’ai pleuré parce que je trouvais ça beau ». Pour l’infirmière, la surprise est réussie : « c’est une salle où on a l’habitude de venir stimuler le corps dans l’espace, ou de s’offrir un moment de relaxation. Là on a dansé, c’était parfait ! »
Challenge réussi également pour le duo de violonistes. « Notre programme est un réservoir de musiques et de postures avec une grande part d’improvisation, explique Gabriel, on s’adapte à l’atmosphère et au public ». « On se sert du lieu pour le faire voir autrement, poursuit Rachel, on le met en valeur et il nous met en valeur ». Dans le cadre de leur collaboration avec l’IMPro, le duo expérimente ainsi plusieurs lieux : EHPAD, appartements-relais, jardins du lycée horticole, service de restauration de l’hôpital de Compiègne.
« Dans les EHPAD, il y a eu des moments très intenses, se souvient Rachel. Au lycée horticole, les jeunes ont tous fini par venir danser. Et là aujourd’hui, il y a eu Anaïs : pendant la berceuse, mon regard était planté dans le sien. C’était un moment très joli. Elle m’a accrochée. C’était intense »
« Il y a toujours beaucoup d’émotions lors des impromptus, explique Jacqueline Gomes, la Directrice de l’établissement, d’autant plus qu’on leur fait la surprise à chaque fois. ». L’objectif est toujours le même : « offrir aux jeunes des moments qu’ils n’auraient pas l’occasion de vivre ailleurs » ajoute Emmanuel Delahaye, chef de service et responsable de l’organisation des impromptus. Pour l’établissement, c’est sa première participation à Plaines d’été. L’année dernière, ils avaient accueilli un artiste en résidence. « Les deux dispositifs se complètent très bien, se félicite la Directrice, nous continuerons. »