Brume sonore pour les résidents du foyer Le 8ᵉ Jour à Landas

Saison : 2024/2025 - Artistes : Tisseurs d’Ondes - Établissements : EHPAD Marguerite de Flandre

Le 9 septembre, la médiathèque de Landas s’est transformée en écrin sonore pour accueillir un impromptu musical du duo de musiciens AKLYS . Vingt-cinq résidents du foyer Le 8ᵉ Jour se sont installés pour quarante minutes d’écoute sous casque, entre rires, apaisement et étonnement.

Dans les quatre unités chacun se prépare : derniers passages aux toilettes, café partagé, puis départ en petit groupe avec les éducatrices. La cour du foyer, arborée et décorée de rubans colorés et de boules fabriquées par les résidents, conduit presque jusqu’à la médiathèque voisine. Le ciel alterne nuages et éclaircies, comme pour accompagner la marche collective.

Anne, responsable culture et éducatrice, a noté sur un papier les noms des participants : vingt-cinq résidents sélectionnés en fonction de leur envie et de leur aisance avec le casque. « Certains n’adhèrent pas avec la proposition », explique-t-elle. Vanessa, par exemple, préfère rester dans la maison partagée auprès du chat Simba.

Mais pour les autres, dans la salle de la médiathèque, les casques attendent les spectateurs sur les fauteuils. Maxime Duhamel, artiste sonore, et Sébastien Faszczowy, luthier expérimental et multi-instrumentiste, peaufinent les derniers réglages. « Vous n’allez pas venir pour ne rien écouter ! », sourit Sébastien en invitant aussi les éducatrices à s’installer.

On ajuste les câbles, on vérifie que chacun entend bien. Quelques rires fusent, puis le silence s’installe.

« Musique acousmatique »

Maxime, concentré, fait résonner les premières notes de son contrôleur et de ses claviers, pendant que Sébastien respire doucement dans le micro. La salle se suspend. L’originalité du duo tient à la lutherie singulière de Sébastien, qui fabrique ses propres instruments à partir de matériaux recyclés : une flûte en tuyaux de PVC, un cithare inspiré du cymbalum, un arc musical, un tambour océan, une boîte à bruit… À cela s’ajoutent une guitare slide et une guitare électrique.

Face à lui, Maxime orchestre l’ensemble : il capte les sons via une table de mixage, les fait passer dans ses pédales d’effets, module et transforme les textures sonores. Des pédales, deux claviers, un contrôleur, un synthétiseur et beaucoup d’attention : la matière musicale se sculpte en direct, entre électronique et acoustique artisanale.

Cécile Thircuir, artiste de la compagnie On-Off, joue de l’accordéon à l’ombre dans un espace vert, entourée de participants installés les pieds dans des bassines métalliques remplies d’eau.

Un moment prolongé autour d’un goûter

Après le concert, la terrasse de la médiathèque devient lieu de partage : madeleines, boissons fraîches, échanges entre musiciens et résidents. Maxime discute en buvant un soda, Sébastien répond aux questions. Benjamin s’intéresse à « l’instrument gris » : « C’est une flûte en PVC », explique Maxime.

Les visages sont souriants, certains encore enveloppés par la musique. Une résidente s’exclame : « C’était bien, ça m’a détendue ! ». Maxime avoue alors, en toute simplicité, qu’il avait eu peur de mal jouer, après la coupure des vacances. Mais pour lui, comme pour les résidents, cette fois-ci « c’était encore mieux que la fois d’avant ».

Paroles d’artistes

Pour Maxime Duhamel (artiste sonore, directeur artistique) et Sébastien Faszczowy (luthier expérimental et multi-instrumentiste), ces Plaines Santé résonnent comme une étape importante.

Maxime explique : « Dans le premier Plaines Santé que nous avons fait en 2023, ça a été l’occasion de nous rapprocher avec Sébastien, de marier nos deux univers, et de proposer des siestes musicales à l’hôpital. Ça a bien fonctionné, donc ça nous a donné envie de continuer ensuite. Et depuis, on s’est équipés de quarante casques, on a créé un duo qui s’appelle AKLYS, et on a repris tout ce qu’on avait fait dans le premier Plaines Santé pour créer le set qu’on joue aujourd’hui. Le premier EP d’AKLYS sortira début 2026. »

Sébastien complète : « Et puis, de toute façon, c’est ce vers quoi on veut aller : jouer dans des lieux où il y a moins de culture, là où les spectacles vont peu. »

Maxime reprend : « Cette année, avec Plaines Santé, on était dans deux lieux : le foyer du Huitième Jour à Landas, et l’EHPAD Marguerite de Flandre à Orchies. Hier, on a joué dans le service pour les malades d’Alzheimer, et ça a été un très beau moment. »

Sébastien confie : « Une dame m’a beaucoup touché : elle avait l’habitude d’aller à l’opéra, et elle regrettait qu’il n’y ait pas assez de musique live dans son EHPAD. On a senti que c’était un vrai besoin pour elle. »

Il ajoute : « J’avais un peu peur, je me demandais si les gens allaient adhérer à l’esthétique de notre duo, qui est quand même un peu particulière. Et en fait, totalement : ils ont beaucoup aimé, les retours ont été très positifs. »

Maxime confirme : « Oui, il n’y a pas eu de barrière esthétique, et puis ce que j’aime aussi, que ce soit en EHPAD ou au foyer du Huitième Jour, c’est que les retours sont francs. S’ils n’aiment pas, ils le disent tout de suite. Et ça, c’est très précieux. »

« Je suis vraiment content, à notre petit niveau, de pouvoir intervenir dans des lieux comme cela. Humainement, ça m’apporte beaucoup », termine Sébastien.

Les artistes de la compagnie On-Off, Cécile et Stéphanie, chantent avec les participants. Cécile joue de l’accordéon.

Text: Sidonie Hadoux

Photos: Gabriela Téllez

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