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Petit papier deviendra grand

Saison : 2024/2025 - Artistes : Cie Circonvolution - Établissements : SMR Marc SAUTELET
Mardi 25 novembre, au SMR Marc Sautelet de Villeneuve-d’Ascq, l’artiste de cirque Lucie Carbonne, compagnie Circonvolution,  poursuit sa résidence avec une série de déambulations poétiques qui traversent les services, les couloirs et les imaginaires. Entre accordéon, éveil musical et pliages géants, elle accompagne les enfants dans des rencontres où le papier prend vie.
« Je suis ravie ! Les enfants accrochent vachement, c’est super. Ils n’avaient jamais vu d’accordéon, donc ça a été une belle découverte », confie Marion Leduc, éducatrice, alors que Lucie ajuste son costume. Depuis le début de la semaine, l’artiste circule dans l’établissement avec une série de propositions issues de son spectacle jeune public : déambulation musicale, atelier origami, éveil sonore, accordéon en chambre… et aujourd’hui, une déambulation entièrement dédiée au papier plié.

Hier, les enfants ont fabriqué leurs origamis, aujourd’hui, Lucie revient avec une immense feuille rouge, pliée en dizaines de facettes, qui se transforme tour à tour en oiseau, en éléphant. À la fin de ce cycle d’interventions, ils découvriront son spectacle, D’une mouche un éléphant, dans son intégralité, comme un puzzle qui se sera construit pas à pas.

Déambulation à petits pas

Dans les couloirs, Lucie rejoint Khadija Douiki, éducatrice de jeunes enfants. Ensemble, elles organisent le parcours : d’abord les petits, puis les moyens, puis les grands. L’ascenseur s’ouvre sur l’unité des tout-petits où les attendent Zaki, Noé et Mathias et Raya.

« Oh, un oiseau ! » s’écrie Mathias en voyant surgir le pliage. Noé avance la main pour toucher, Zaki applaudit, et l’oiseau ne tarde pas à devenir un éléphant. Raya arrive à son tour et se retrouve, médusée, avec un éléphant posé sur la tête. Les éducatrices sourient, impressionnées : « Il est trop beau votre éléphant ! Vous êtes partie d’un oiseau, c’est fou ! »

Lucie revient avec d’autres papiers : violet, vert, orange. Noé, occupé à sa dinette, finit par revenir, d’un souffle, le papier jaune devient un cube. Raya est fascinée, perplexe, curieuse. Elle tend la main. « J’aime trop ta tête, tu me fais rigoler ! » lance l’éducatrice. Le cube orange, lui, atterrit sur la tête de Zaki. Mathias tente de souffler… et réussit. « Ah mais c’est très bien pour les orthos tiens ! » plaisante Khadija. Mathias ne lâchera plus son cube.

Dans la salle de vie des moyens, on interrompt une partie de cartes. L’éléphant attire Youssef et Hugo. Hawa sursaute quand le cube se gonfle et regarde Lucie avec une complicité immédiate. « Je vais vous laisser le plan pour que vous puissiez refaire des cubes », promet la circassienne avant de repartir. Dans les couloirs de l’établissement se déploient des jeux empilés, des photos d’activités, des dessins colorés, des panneaux d’affichage de la vie quotidienne. Dans une allée menant au plateau technique, on croise Augustin, passionné de dinosaures. Grâce à lui, l’oiseau se métamorphose une dernière fois : « C’est un ptérodactyle ! » annonce-t-il, certain. Et Lucie le suit dans son imagination, le papier battant comme des ailes.

Pour les petits et les grands

Au plateau, on retrouve Pamela, qui se met à courir à côté de l’oiseau. Après sa transformation, l’éléphant trouve refuge sur le déambulateur de Yannis, tandis qu’Augustin, le spécialiste des dinosaures, soulève des haltères avec sa kinésithérapeute. Un peu plus loin, deux adolescents, d’abord réservés, finissent par sourire et applaudir.

En repartant du plateau, on croise Lorenzo en train d’apprendre à marcher avec sa canne de locomotion. Lucie place délicatement la feuille dans ses mains, il en explore les plis, les creux, les reliefs du bout des doigts et esquisse un sourire surpris. Il devine au toucher les traits du pachyderme de papier.

Dans la salle d’activité, enfin, les enfants s’approchent un à un. Yassir tend la main pour toucher le bec du volatile. À la sortie, une éducatrice lance dans le couloir : « C’est magique, c’est apaisant. J’ai l’impression d’avoir eu dix minutes de magie. La lenteur des gestes, le silence… L’équipe est aux anges, c’est super adapté. » Derrière la vitre, les regards et les sourires se croisent. Dans ce calme inattendu, l’oiseau rouge, tour à tour cube, éléphant ou ptérodactyle, semble grandir encore : porté par l’attention des enfants, et par la confiance qui s’installe.

ENTRETIEN

« Je ne m’attendais pas à être autant émue »

Trois questions à Lucie Carbonne, artiste de cirque

1. Comment as-tu pensé cette série d’impromptus ?

Je l’ai pensée à partir du spectacle qui clôture tout le projet, D’une mouche en éléphant. C’est vraiment le point de départ pour construire les impromptus. Dans le spectacle, il y a du monocycle, beaucoup de musique et beaucoup d’origamis.
Pour les impromptus en amont, j’ai donc choisi trois entrées : la musique pour le premier, les origamis pour le deuxième, puis le cirque pour le troisième. L’idée, c’est que les jeunes découvrent progressivement mon univers, et que le spectacle final rassemble tout cela à la fin du projet.

2. C’est ton quatrième impromptu. Qu’est-ce que tu retiens de l’expérience jusqu’ici ?

Je trouve ça très beau, notamment parce qu’on est en tout petit comité et aussi parce que ce sont ces enfants-là. Leurs réactions sont extrêmement naturelles, d’une grande sincérité. Je ne m’attendais pas à être autant émue : il y a plein de moments où je me dis wow, simplement en les voyant réagir, en observant les chemins qu’ils trouvent pour entrer dans ce que je propose.
J’ai déjà joué le spectacle dans son intégralité pour des publics handicapés ou avec des enfants autistes, et c’était déjà fort. Mais ici, le fait d’être si proche, d’être vue, d’être dans leur quotidien… les réactions sont encore plus directes. Certains enfants me donnent les larmes aux yeux.

3. Comment vis-tu la diversité des âges et des groupes rencontrés ?

C’est quelque chose que j’aime beaucoup. Ce matin, les bébés se laissaient toucher d’une manière très douce, très instinctive. Et avec les ados, c’est autre chose : ils gardent un léger recul, parce que ce sont des ados, mais en réalité ils sont totalement dedans. On sent leur attention, même silencieuse.
Ce que je trouve précieux aussi, c’est le fait de revenir régulièrement. On partage un bout de leur quotidien, entre les soins, les jeux, les allers-retours des équipes. Ils me reconnaissent, je les reconnais. Ça crée une continuité qu’on n’existe pas quand on vient juste jouer un spectacle une fois. C’est vraiment quelque chose de beau.

« L’impromptu réactive notre énergie et ça apporte une dynamique qui fait du bien à toute l’équipe. »

Trois questions à Khadija Douiki, éducatrice de jeunes enfants

1. Avez-vous déjà accueilli des artistes au sein du service ? Qu’est-ce que cela apporte selon vous ?

Oui, il y a quelques années, nous avions accueilli des artistes de La Rose des Vents, en partenariat avec Villeneuve-d’Ascq. C’étaient des plasticiens qui avaient déambulé avec des instruments de musique, puis travaillé une semaine entière avec les enfants. On avait fait une exposition de toutes les œuvres à la fin.
La présence d’artistes apporte une vraie bouffée d’oxygène. Ça casse le quotidien, ça introduit quelque chose de différent, presque une touche de magie. Les enfants sont intrigués, captivés, et ça leur permet d’ouvrir un espace imaginaire que l’on voit moins dans les journées ordinaires. Nous, les professionnelles, on se laisse prendre aussi : ça réactive notre énergie et ça apporte une dynamique qui fait du bien à toute l’équipe.

2. Et pour vous, en tant qu’éducatrice, pouvez-vous faire des ponts entre ce que propose Lucie et les activités que vous menez ?

Il y a un réel bénéfice. Par exemple, les cubes : on a vu Noé jouer ce matin avec ses cubes habituels, et ensuite découvrir les cubes en origami, qui se gonflent quand on souffle.  C’est une forme qu’il connaît, mais transformée. Ça les surprend et ça stimule leur curiosité. Pour nous, ça renouvelle aussi notre manière de travailler, ça apporte de nouvelles idées, une touche d’originalité dans les activités.

3. Quel aspect du dispositif vous semble le plus intéressant ? 

Le fait que Lucie revienne plusieurs fois, qu’elle montre progressivement des éléments de son spectacle avant le final, crée une vraie familiarité : les enfants l’identifient, ils entrent dans son univers en douceur. Honnêtement, j’adore. Si je pouvais les suivre tout le temps, je le ferais, mais je ne peux pas, je dois m’occuper aussi de mon service ! [rire]

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