
Le collectif d’artistes Métalu à Chahuter propose une diversité de formes d’impromptus à l’EPSM Val-de-Lys-Artois :
- Le livreur de sons avec Martin Granger
Un instrumentiste promène son petit chariot roulant bourré d’instruments électroacoustiques dans les
couloirs et les salles pour proposer de courts concerts improvisés… sur roulettes !
- Mme Mishoko avec Louise Bronx
Etrange Geisha au sourire bienveillant, Mme Mishoko offre des haïkus de sa voix grave aux personnes qu’elle croise. Une joueuse de flûte ou d’accordéon l’accompagne, improvisant les notes au grès des mots.
- Jour de fête par la compagnie Cendres La Rouge
De la somptueuse salle de bal au bal populaire, en passant par la piste de danse, le carnaval ou la fanfare, sans oublier la joie des traditionnels repas de famille, il y a toutes sortes de façons de faire la fête.
Il y a celle qui s’organise et celle qui s’improvise, parfois la bière y coule à flots, on y fait des rencontres et puis il y a aussi… les lendemains difficiles. Nadège et Bernard, accompagné de son accordéon, vous ont concocté un petit cocktail littéraire, aussi léger qu’un air de fête !
- La guide Muséale avec Laure Chailloux
Accompagnée de son accordéon, une guide dynamique vient raconter l’histoire d’un étrange tableau sans
titre. Une manière de mettre un pas dans un musée, où que l’on soit.
- Nadège & Bernard par la compagnie Cendres La Rouge
Couple phare de la compagnie Cendres la Rouge, Nadège et Bernard narrent des histoires improbables de
leur naïveté et enthousiasme légendaires. Tantôt scientifiques, tantôt explorateurs, ils embarquent le
public dans des récits à l’humour décalé.

Rendez-vous en septembre pour le début des impromptus…
Les impromptus proposés par le collectif La Meute sont des petites formes participatives, en lien avec l’opéra participatif Le Furieux. Elles sont gratuites pour les participants et le public, se co-construisent avec les structures associées. Les interventions durent entre 20 et 40 minutes. En fonction des espaces, des possibilités techniques, des protocoles sanitaires en vigueur, des participants et du public, plusieurs propositions sont possibles.
Pour le Centre l’Espoir, voici les différentes actions à venir :
- Un Choeur Parlé
Nous travaillons ici sur la résistance des corps, sur la résilience d’un être, sur la possibilité de s’appuyer sur le groupe pour créer un espace de parole. Une réappropriation de sa gorge, de la parole, la reconquête de l’espace public. Ces mots enfin retrouvés sont scandés, assénés, adressés directement au public, qui est pris à parti par les choreutes. Les participants s’expriment à l’unissons, comme une seule entité plutôt qu’un groupe d’individus.
- Le remembré
En lien avec le travail des orthoprothésistes, la réinvention d’une figure extraordinaire du projet Furieux : le remembré. Réalisé comme une sorte de surhomme, d’épouvantail sensé éloigner les personnes malintentionnées, comme une conjuration de la violence du démembrement. Un rituel qui s’appuie sur le vécu des personnes amputées qui sont en rééducation au Centre
l’Espoir.
- Le messager guttural
Nouvelle rencontre, nouvelles sonorités. Cette figure du Furieux s’exprime à travers des sons inconnus, des râles et sons gutturaux qui composent un langage. En collaboration avec les orthophonistes, une façon d’entendre autrement les sons produits grâce à des capteurs qui en amplifient les vibrations.
« Intense, majestueux, magique. Les adjectifs manquent pour raconter les impromptus artistiques proposés par le collectif La Meute qui ont eu lieu ce week-end au Centre L’ESPOIR.
Dans le cadre du dispositif Plaine Santé ( Plaines Santé est un programme de diffusion artistique impulsé en 2020 par la DRAC Hauts-de-France dans le cadre du programme Culture-Santé – avec la participation du BIP), le collectif d’artistes de composé de Sylvain Rabourdin (Composition prodigieuse, violon magistral et chant puissant), de Claire Pasquier (Mise en scène), de Sarah Thery (chanteuse lyrique céleste) et de Grégoire Plancher (régie son et lumière) a offert divers ateliers aux patients du Centre ainsi qu’à leur famille. Une expérience riche pour découvrir le monde de l’opéra. Atelier de chœur parlé et/ou chanté, utilisation du « Looper » qui permet de répéter une séquence musicale, chacune et chacun ont pu apprivoiser l’univers de l’opéra en préparation.
Le collectif propose une immersion interactive autour de son futur opéra « Le furieux ». Tous ont été surpris de l’intensité qui peut se produire des vibrations chantées. Une porte d’entrée efficace dans le monde lyrique et musical. Le festival se poursuit la semaine prochaine. »
Sylvain Pistone, animateur culture


Le collectif La Meute a investi deux weekends consécutifs le Centre de rééducation L’Espoir à Hellemmes dans le cadre du dispositif Plaines Santé. Le temps de six après-midis, les artistes ont invité les patients dans l’univers de leur opéra participatif. La pièce intitulée Furieux, s’inspire de l’histoire du dieu grec Dionysos.
Dimanche 5 septembre 2021, les températures sont estivales. Claire, Sarah, Sylvain et Grégoire s’installent à l’entrée du centre Espoir à Hellemmes, à l’ombre d’un arbre. L’atelier ne va pas tarder à commencer et les premiers patients s’installent avec enthousiasme. La plupart ont suivi les ateliers des jours précédents et semblent conquis.
Les artistes discutent entre eux avant le début de l’atelier. « Je dirais que l’on prend un temps pour s’échauffer la voix, après on part sur le chant d’amour et la guerre », propose Sarah Théry, chanteuse lyrique. « C’est bien de commencer par le sound painting, ça fonctionne toujours bien », renchérit Sylvain Rabourdin, violoniste et un des compositeurs de la pièce. « Très bien, échauffement, prénoms et ensuite guerre et chant d’amour », acquiesce Claire Pasquier, la metteuse en scène. Tout le monde est prêt. Les artistes regagnent leurs chaises. Grégoire, l’ingénieur son, s’installe derrière la sono.
« Merci d’être venus aussi nombreux », remercie Claire avant de présenter le projet pour les nouveaux participants : « Comme son nom l’indique, un opéra participatif nécessite des participants. Et bien aujourd’hui, c’est vous ! »
L’ambiance est rieuse et joyeuse. Une quinzaine de patients sont venus au rendez-vous. Sarah entame l’échauffement en invitant le petit groupe à se masser le nez, les pommettes, les tempes … « Allez, il fait chaud, on est bien, on est entre amis et on se masse les tempes ». Tout le monde rit et l’échauffement se poursuit dans la bonne humeur. Même Sylvain Pistone, le médiateur culturel du centre participe à l’échauffement – tout aussi motivé que ses patients. C’est un peu normal : l’opéra, c’était son idée.

« L’opéra c’est pour tout le monde »
« Mon rôle est de faire le lien entre le monde de la culture et le monde de la santé, explique l’animateur après l’atelier. J’avais très envie de travailler autour de l’opéra, poursuit-il. Depuis que j’ai découvert des mises en scène incroyables à Tourcoing, je suis devenu fan de cet art pourtant pas très populaire. Nous sommes désormais en lien avec L’Atelier Lyrique de Tourcoing pour mener des activités avec les patients. J’ai donc sauté sur l’occasion en découvrant ce que proposait La Meute dans le cadre de Plaines Santé. Travailler la voix me paraît intéressant, surtout avec des personnes aphasiques, cela déclenche une autre forme de communication. »
L’échauffement se poursuit avec le sound painting, un langage gestuel qui permet de créer de véritables « peintures sonores ». Tour à tour, les participants deviennent chefs d’orchestre, et d’un geste, ils commandent un son ensuite entonné par l’ensemble du groupe.

Le chœur est désormais prêt à répéter deux passages de l’opéra : le chant de la guerre et le chant d’amour. La plupart l’ont déjà chanté la veille. « Quel beau chœur » s’exclame Sylvain, le violoniste, à la fin du chant. Pour Claire, la metteuse en scène, les choristes ont fait leurs preuves : « On fait la scène entière de la guerre j’espère que vous êtes prêts ! » Divisés en deux camps, les chanteurs sont prêts. Grégoire lance la musique. C’est parti.
C’est intense. Quelques personnels soignants ont passé leur tête par les fenêtres du centre pour applaudir. « Bon on va faire la paix avant de se quitter quand même ! », propose Claire. Sylvain sort son violon et entame l’introduction du chant d’amour, le moment où Dionysos tombe amoureux après avoir surmonté tant de souffrances. Les yeux sont rivés sur le musicien. Même les roses du jardin semblent saisies par la beauté du moment. Puis, le chœur entame les répétitifs « J’ai essayé », pendant que Sarah emporte le groupe sous sa voix lyrique.
Benjamin est subjugué, « C’est magnifique » dit-il ému en applaudissant à la fin. « C’est trop fort , je voyais cela à la télé et là on voit ça en vrai ». Cet ancien judoka est hospitalisé depuis quatre semaines pour une opération du genoux. Il a participé à tous les ateliers du collectif : « Je voyais les feuilles en haut de l’arbre qui vibraient quand Sarah s’est mis à chanter ». Les autres rient. « On est parti loin » renchérit Estelle.
« La bonne nouvelle c’est que l’on se revoit la semaine prochaine », lance Claire. « Vous voyez que l’opéra est pour le monde », dit Sylvain Pistone, le médiateur culturel, fier du succès de l’atelier.


Véronique, elle, a découvert « un opéra moderne » qui l’a mis de bonne humeur. Pour Gérard, l’atelier lui a permis de passer un bon moment avec son épouse venue lui rendre visite. « C’est la deuxième fois que je chante dans ma vie, précise-t-il, la première fois c’était lors d’un karaoké au camping ».
« C’est vraiment prenant, confie Jacques, en pleine discussion avec Sarah, la chanteuse. J’ai plutôt une culture rock, et je ne chante jamais ailleurs que dans ma salle de bain, mais là c’était très bien. On est vraiment bien ici, On a l’habitude de faire des choses ensemble, c’est énorme. » Ce que ne contredira pas Véronique, les larmes aux yeux : « Ici, on est tous pareil, on se comprend, on est une vrai famille ».
Une chose est sûre, « y’a un truc qui vibre ici, c’est fort », acquiesce Claire. Et au vu de l’énergie de son médiateur culturel, et des patients, le Centre Espoir à Hellemmes n’est pas prêt de s’arrêter de vibrer.


Jeudi 16 septembre 2021, la compagnie de théâtre Protéo a déposé sa mystérieuse cachottière dans les jardins de l’EPSM. Le spectacle, écrit et mis en scène par Louise Wailly, est interprété par Camille Dupond et Myriam Mairey, dans les rôles respectifs d’Aloysius et Blueberry.
Le rituel est presque toujours le même : Aloysius, énigmatique, est reclue dans la cachottière. Qui est-elle ? Que fait-elle ? que délivre-t-elle de si singulier aux personnes qui passent cinq minutes avec elle ? Personne ne le sait. A l’extérieur, sa secrétaire, Blueberry , invite les passants, patients ou personnels soignants à rentrer.

Certains ont pris rendez-vous. D’autres passaient par-là par hasard et avaient été émis par la mystérieuse cabane en bois posée dans le jardin. La cachottière ne laisse pas le visiteur indifférent. Ornée d’étranges inscriptions noires peintes sur fond blanc, impossible de dire si cette capsule nous vient du passé, du présent ou directement du futur. Soudain, Blueberry , parée de sa tenue blanche et noire futuriste, et de sa crête sur la tête avance vers un patient. Elle l’accompagne pour faire le tour de la cachottière, puis ouvre la porte grinçante et l’invite à rentrer « Attention à ne pas vous perdre » dit-elle en refermant doucement la porte. Et oui, les espaces ne sont pas toujours aussi petits qu’ils y paraissent. Le patient ressort après cinq minutes, visiblement content, le sourire aux lèvres.

Les rendez-vous s’enchaînent, et impossible de savoir ce qu’il s’y passe. Et pourtant, toujours le même sourire à la sortie. On entend bien une voix, il semblerait qu’on raconte au visiteur une histoire, mais laquelle ? « C’est secret, on ne peut pas le dire, c’est un moment rien que pour le visiteur », répond mystérieusement Blueberry, incarnée par Myriam Mairey, comédienne. « Je souhaite ce spectacle comme un cadeau. Je souhaite offrir un espace où l’art est salvateur, où il permet de se regarder et de regarder l’autre sans avoir peur et en s’amusant », explique Louise Wailly, metteuse en scène et créatrice de la cachottière


Une cachottière créée à l’EPSM des Flandres
« Les artistes sont venus en juin à l’EPSM des Flandres à Bailleul afin de créer la cachottière, explique Pierre Vandevoorde, chargé de communication de l’EPSM, on a donc vu l’apparition de cette boîte et sa conception ». Modeste Richard y a peint les peintures d’inspiration tribales sur les murs. « C’est toujours intéressant de donner accès à ce genre de dispositifs à nos patients et au personnel, poursuivre Pierre Vandevoorde, c’est un moment privilégié pour eux, une tête à tête avec l’artiste qui instaure un lien très fort ». Et certaines personnes ressortent chamboulées. « Certaines ressortent avec le sourire, d’autres pleurent, sont émues, racontent Bueberry (Myriam Mairey). A Hénin-Beaumont par exemple, on avait des personnes qui avaient du mal à ressortir tant elles étaient bien à l’intérieur. »



Le mardi 7 septembre 2021, Claire Pouderoux, comédienne, et Alexandra Epée, scénographe et plasticienne, ont investi la grange de la ferme thérapeutique La Cense à Frelinghien (59). Une dizaine de patients de cet hôpital de jour de l’EPSM Lille-métropole ont assisté à la pièce Présent ?, écrite et interprétée par Claire.
La grange est fraîche en cette belle après-midi de septembre. Une cloison en tôle transparente diffuse une lumière douce et blanche à l’intérieur. Claire Pouderoux se tient debout, grand sourire, appuyée contre une table en bois. Les spectateurs, patients et personnels soignants prennent place sur les chaises disposées devant eux.
Un escalier en métal bleu mène à une petite mezzanine. Alexandra Epée est assise sur la cinquième marche. Elle observe son amie avec attention. Alexandra est artiste plasticienne, scénographe, et aide Claire à la mise en scène de la pièce.
« Je m’appelle Madison Cottard » déclame Claire. Le monologue commence. Le public est silencieux, attentif. La pièce que joue Claire est son adaptation du roman de Jeanne Benameur, Présent ?. Elle l’a écrite, et en joue un extrait ce jour.
Alexandra l’aide sur la mise en scène, et l’utilisation du papier : « Le travail de papier est presque de l’ordre de la marionnette. Claire voulait travailler sur la notion de déploiement, explique Alexandra. On peut partir d’une toute petite chose, et se dévoiler, comme Madison. »


La pièce raconte le parcours de Madison, une collégienne, pas très douée, qui a redoublé deux fois, mais qui a un talent fou pour le dessin. A travers les yeux de Madison, Claire nous plonge dans nos souvenirs de collégiens et de collégiennes. Madison nous partage ses difficultés, nous parle des adultes qui lui tendent la main, d’autres qui ne la comprennent pas comme cette professeure d’espagnol qui se demande « Quel lycée voudra bien d’elle ? ».
« On aime bien travailler ensemble, explique Alexandra. Avec Plaines Santé, on s’est dit que c’était l’occasion. Ça nous permet de jouer la pièce devant un public, de nous nourrir de leurs retours, avant de jouer la version définitive en février. »
Claire s’arrête au milieu de la pièce. Il faudra attendre la fin du mois pour écouter la suite. Entre temps, les patients pourront assister à deux autres ateliers d’arts plastiques animés par Alexandra. Ensemble, ils dessineront les portraits des personnages de la pièce à partir de ce qu’ils ont imaginé dans leur tête.


« Je me suis reconnue dans le parcours de Madison », admet un des spectateurs. « Moi dans le personnage de David », reconnait un autre. « Oui j’étais pas très forte à l’école, les profs me disaient que j’allais pas avoir mon bac, et finalement je l’ai eu », rétorque la plus jeune des spectatrices. « Même quand on n’est plus des collégiens et des collégiennes, le récit nous parle de rapport à l’échec et à la réussite, rebondit Claire. Comment fait-on quand on ne veut pas répondre à l’injonction de la réussite ? »
A la ferme thérapeutique de Frelinghien, les projets culturels font partie de la philosophie. « Les activités culturelle sont aussi bien pour les soignants que pour les patients, explique Pierre-François Faille, infirmier pour le pôle 59G07 de l’EPSM LILLE Métropole. Quand on propose des projets sur quelques semaines ou quelques mois ça donne un souffle nouveau au groupe. Vivre un moment artistique ensemble, découvrir une activité, accueillir des artistes, c’est horizontal et pertinent. » Pour les artistes, l’expérience est aussi très forte. « Nous sommes assez sensibilisées aux questions du soin et de la santé mentale. Claire a travaillé 5 ans à l’Hôpital d’Amiens où elle faisait des ateliers théâtre avec des adolescents autistes, explique Alexandra. Ça nous semble important de rentrer en dialogue avec ces établissements. »
La séance du jour se termine. Le public repart avec des images plein la tête. La prochaine fois, ce sera à lui de travailler. Les patients peindront les personnages décrits par Claire. Les dessins accompagneront la comédienne sur scène lorsqu’elle viendra jouer la fin de la pièce. Tout un programme !

