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Philtres d’amour et d’émotions dans les quatre EPSM du GHT

By | 2021/2022

– Entrez, entrez !
– Ça dure combien de temps ?
– Oh, pas plus d’une heure, ce n’est pas vraiment un spectacle : c’est une conférence sur l’amour.
– Sur quoi ?
– Sur l’amour.
– Et bah ! c’est bien, il va y avoir débat alors…

Dans une salle au premier étage du centre de soin Jean-Baptiste Pussin de l’EPSM des Flandres, le public prend place. Elodie Segui, comédienne, les accueille en leur proposant une boisson fraîche aux allures de potion magique. Le public est sur ses gardes. L’impromptu d’Elodie est une tentative fragile et quelque peu radicale pour comprendre la passion amoureuse.

– Est-ce que vous êtes une sorcière ?
– Non. Vous trouvez que j’ai une tête de sorcière ?

Sur une table face à l’audience, Elodie a disposé tout un tas d’objets curieux : 3 pommes, 3 noix, une planche de bois, 2 pics en bois, un bout de ficelle, un thermomètre, un oxymètre, des feuilles blanches, un briquet, un bol contenant une infusion bleue aux fleurs de pois de senteur. L’enceinte
diffuse le Coup de soleil de Richard Cocciante. Sur le sol, la comédienne a laissé traîner une paire d’escarpins noirs à hauts talons. Dans le coin près de la fenêtre se trouve une valise. « Mais tu n’es pas là, et si je rêve tant pis, quand tu t’en vas, j’dors plus la nuiiiiit » Un monsieur chante au son de la musique.

Patients, soignants, tout le monde est enfin installé. La conférence commence. La comédienne invite le public à « traverser ensemble des états amoureux ». Elodie revêt ses chaussures, « les chaussures de la passion », explique-t-elle. Elle joue un à un les différents états amoureux : la joie, la tristesse, le chagrin, la rage, le sentiment d’abandon. Ensuite, place aux travaux pratiques sur l’amour : la comédienne invite le public à faire un « rituel magique » : écrivez sur le bout de papier une intention envers quelqu’un que vous aimez. Les formules magiques sont ensuite lues à haute voix : « Sophie, je veux que tu arrêtes de tout ranger », « Batman, je veux que tu me tisses une toile et que tu m’emmènes dans ta voiture volante », « Thierry je veux que tu me fasses danser toute la vie ». La formule semble fonctionner car la performance se termine par une invitation à la danse. Quelques personnes se lèvent et rejoignent Elodie pour danser.

TROIS QUESTIONS À …
Thierry Vandersluys, danseur en charge de l’action artistique à l’EPSM des Flandres

Thierry est artiste, danseur en charge de l’action artistique à l’EPSM des Flandres depuis 12 ans.

En quoi consiste ton métier de délégué culturel de l’EPSM ?
Je préfère le terme de catalyseur artistique. Alors en quoi ça consiste ? Je dirais que c’est faire converger les personnes vers un même point et redonner de l’horizontalité à l’intérieur de l’hôpital. Le message artistique s’adresse à tout le monde : patients, soignants, cadres, cadres sup, directeurs etc. Concrètement, dans mon métier il n’y a pas de semaine type. Le but c’est de rester en mouvement auprès de toutes ces personnes. On amène le feu d’artifice près des gens. On fait venir des artistes pour des impromptus ou des résidences. On est aussi une plateforme disponible pour les artistes qui veulent faire de la recherche, les accompagner et les impulser dans leurs délires. C’est créer un espace confortable pour tout le monde où les personnes se sentent libres d’agir et d’être.

Selon toi, quelle place devrait occuper l’art dans le milieu hospitalier ?
Je pense qu’il faut voir l’hôpital comme un espace de présence artistique, notamment grâce à des résidences. Il faut de la place pour le geste artistique et faire converger et dialoguer autour. Le spectacle est partout. Il faut ouvrir les yeux et le spectacle est là. Il faut donner la possibilité aux artistes de faire des propositions et ensuite, nous faisons venir le public là où les artistes sont, et vice versa. Tout comme les artistes viennent là où le public est. Laisser libre les artistes et ne pas leur donner à faire. J’aimerais être à l’essence de ce dispositif-là. Comment ouvrir les isolements  ? Ouvrir les murs, en faire des espaces d’expérimentations pour les étudiants infirmiers, les étudiants en école d’art, ou encore les étudiants éducateurs. J’aimerais que les publics puissent se rencontrer, se mélanger et se poser des questions ensemble.

Quel projet rêverais-tu de mettre en place dans le futur ?
J’aimerais qu’il y ait un EPSM spécialisé sur la danse et le mouvement. Ce serait super. Il y a beaucoup de personnes qui s’interrogent sur le mouvement en France comme à l’international. Toutes les techniques de danse postmoderne peuvent permettre de repenser l’hôpital en termes de sensations. L’EPSM pourrait devenir un centre de ressources qui organiserait des stages, des résidences, des rencontres avec tous les acteurs du réseau de la danse et du mouvement en psychiatrie.

Kaléidoscopes, fauteuils d’eau, clochettes et musique traditionnelle !

By | 2021/2022

Pour la deuxième saison de Plaines Santé, le duo Les Beaux Jours, formé par Rachel Bazoge et Gabriel Lenoir, a posé ses valises à l’EMSP de l’Oise, pour une série d’impromptus musicaux. 

« – Bonjour et bienvenus ! Je m’appelle Rachel. – Et moi je m’appelle Gabriel. – Nous allons commencer par une musique en flamand… »

Les deux violonistes se lèvent au milieu de la salle Snoezelen, un espace d’éveil sensitif de l’Institut Médico-Professionnel de Ribécourt-Dreslincourt dans l’Oise. Les notes de musique viennent se loger dans la matière : les bulles colorées de la colonne d’eau semblent frémir en rythme, accompagnée par les mouvements lents des liquides multicolores du kaléidoscope mural. La lumière tamisée et l’atmosphère si particulière du lieu enveloppent le public et les musiciens dans une bulle de douceur.

Et le public est restreint ce matin-là : trois jeunes, Nathalie, Anaïs et Anthony, accompagnés de leur infirmière. L’impromptu est une surprise. Leur timidité initiale s’estompe rapidement. Voilà que Nathalie se lève pour danser main dans la main avec son infirmière. Les musiciens dansent à leur tour. Anaïs est submergée par une vague d’émotions. Assise confortablement sur un gros pouf entouré de fils fluorescents, elle filme la scène. « C’est la première fois que je vois des musiciens en vrai », confie-t-elle.

« On va terminer par une polka flamande ». Anaïs et Anthony se lèvent à leur tour pour danser en ronde avec Nathalie. La musique se termine. Les jeunes remercient les musiciens et non sans regret, quittent la salle. Dans la pièce d’à côté, ils remettent leurs chaussures tranquillement, encore émus. « C’était tellement bien, j’ai beaucoup aimé » s’enthousiasme Anaïs, « J’ai pleuré parce que je trouvais ça beau ». Pour l’infirmière, la surprise est réussie : « c’est une salle où on a l’habitude de venir stimuler le corps dans l’espace, ou de s’offrir un moment de relaxation. Là on a dansé, c’était parfait ! »

Challenge réussi également pour le duo de violonistes. « Notre programme est un réservoir de musiques et de postures avec une grande part d’improvisation, explique Gabriel, on s’adapte à l’atmosphère et au public ». « On se sert du lieu pour le faire voir autrement, poursuit Rachel, on le met en valeur et il nous met en valeur ». Dans le cadre de leur collaboration avec l’IMPro, le duo expérimente ainsi plusieurs lieux : EHPAD, appartements-relais, jardins du lycée horticole, service de restauration de l’hôpital de Compiègne. 

« Dans les EHPAD, il y a eu des moments très intenses, se souvient Rachel. Au lycée horticole, les jeunes ont tous fini par venir danser. Et là aujourd’hui, il y a eu Anaïs : pendant la berceuse, mon regard était planté dans le sien. C’était un moment très joli. Elle m’a accrochée. C’était intense »

« Il y a toujours beaucoup d’émotions lors des impromptus, explique Jacqueline Gomes, la Directrice de l’établissement, d’autant plus qu’on leur fait la surprise à chaque fois. ». L’objectif est toujours le même : « offrir aux jeunes des moments qu’ils n’auraient pas l’occasion de vivre ailleurs » ajoute Emmanuel Delahaye, chef de service et responsable de l’organisation des impromptus. Pour l’établissement, c’est sa première participation à Plaines d’été. L’année dernière, ils avaient accueilli un artiste en résidence. « Les deux dispositifs se complètent très bien, se félicite la Directrice, nous continuerons. »

Dessiner ensemble à l’IME de la Tombelle du Groupe Ephèse

By | 2021/2022

Cédric Pierre, artiste graphiste et designer a investi l’IME La Tombelle du Groupe Ephèse à Saint-Quentin pour quinze jours en ce début de mois d’avril 2022. Deux semaines pour dessiner, collecter, et rassembler les créations des jeunes dessinateurs dans un ou plusieurs petits objets livres.

« Alors on va travailler un peu différemment qu’hier : je vous ai ramené des livres. Vous allez choisir des images dedans et les dessiner », lance Cédric Pierre au petit groupe de jeunes venu assister à l’atelier du jour. L’ambiance est joviale, un brin cacophonique le temps que la joyeuse bande s’installe. Depuis le début de la semaine, les enfants et l’artiste se donnent rendez-vous tous les après-midis pour une séance de dessin dans le but de coréaliser une petite édition collective. Une pile de feuilles gribouillées est placée en bord de table, fruit de leur collaboration.

Cédric Pierre est graphiste et designer, basé à Paris, et originaire de la région. « J’ai ramené des choses pour qu’ils se sentent à l’aise de produire et de dessiner » explique Cédric. Il s’agit pour le moment d’une mise en bouche, le plus gros du travail se fera la semaine suivante, lorsque l’artiste viendra les accompagner toute la journée. Dans le livre final, il y aura des dessins et des mots : « ce sera par exemple le nom de certaines villes, des noms ressortis de leurs bouches pendant l’atelier ».

Daniel a dessiné un robot, inspiré d’une des esquisses du « livre bleu ». L’ouvrage est une édition que Cédric a réalisée avec son amie et artiste Paquita dans le cadre du dispositif Plaines d’été, un autre programme d’impromptus culturels financés par la DRAC des Hauts-de-France. « On a collecté des dessins et des témoignages sur la notion du « beau ». On se promenait, on posait des questions aux habitants et on enregistrait leurs réponses. On a ensuite assemblé les deux matières pour en faire un livre », explique Cédric entre deux consignes. Ici, à l’IME, Cédric utilise la même démarche. Il a de nouveau revêtu son costume de collecteur : pas d’enregistrement cette fois,  « ce sera des images et des dessins essentiellement ».

Mathéo est très concentré. Le voilà qu’il dessine à la fenêtre. Quelques minutes plus tard, il chiffonne sa feuille. « – Je n’ai pas réussi » ! ». « -Tu me montres quand même ? » « – Nan, je vais le refaire en mieux ! ». Sofia chante « sur le pont d’Avignon », pendant qu’Anis trouve une Nième idée : « Je vais dessiner un train en forme de bouteille … ce sera un train bourré ! ». Les autres rient avec lui.

Cédric invite les jeunes à repasser leurs dessins au feutre noir pour faciliter la reproduction dans le livre. Sofia s’est endormie dans le canapé. Kevin fait des acrobaties avec ses bras pour faire rire la galerie. Les autres dessinent encore. « Ils ont insisté pour revenir aujourd’hui, explique une des éducatrices, ils devaient aller en sport, et ils ont préféré dessiner. Le dessin ça leur permet d’exprimer ce qu’ils ressentent, en général ils et elles aiment beaucoup. Mais pour certains, c’est une révélation : Kylian n’est pas quelqu’un qui se met à table et qui dessine habituellement. Or là, il le fait et il est doué en plus ! »

Pour Cédric, l’intérêt est double : rencontrer d’autres publics en dehors du milieu de l’art contemporain parisien et amener de la création et de la réflexion par la création dans les lieux où il est moins commun de le faire. « Ils ont l’habitude de dessiner, précise Cédric, mais là, je leur propose une mise en commun. Pour le moment, il y a une super réception. Il y a quelque chose de très sincère dans leur manière de communiquer leurs émotions. » Le résultat final s’annonce prometteur.

Une diversité d’impromptus à l’EPSM Val de Lys Artois !

By | 2020/2021 | No Comments

Le collectif d’artistes Métalu à Chahuter propose une diversité de formes d’impromptus à l’EPSM Val-de-Lys-Artois :

  • Le livreur de sons avec Martin Granger

Un instrumentiste promène son petit chariot roulant bourré d’instruments électroacoustiques dans les
couloirs et les salles pour proposer de courts concerts improvisés… sur roulettes !

  • Mme Mishoko avec Louise Bronx

Etrange Geisha au sourire bienveillant, Mme Mishoko offre des haïkus de sa voix grave aux personnes qu’elle croise. Une joueuse de flûte ou d’accordéon l’accompagne, improvisant les notes au grès des mots.

  • Jour de fête par la compagnie Cendres La Rouge

De la somptueuse salle de bal au bal populaire, en passant par la piste de danse, le carnaval ou la fanfare, sans oublier la joie des traditionnels repas de famille, il y a toutes sortes de façons de faire la fête.
Il y a celle qui s’organise et celle qui s’improvise, parfois la bière y coule à flots, on y fait des rencontres et puis il y a aussi… les lendemains difficiles. Nadège et Bernard, accompagné de son accordéon, vous ont concocté un petit cocktail littéraire, aussi léger qu’un air de fête !

  • La guide Muséale avec Laure Chailloux

Accompagnée de son accordéon, une guide dynamique vient raconter l’histoire d’un étrange tableau sans
titre. Une manière de mettre un pas dans un musée, où que l’on soit.

  • Nadège & Bernard par la compagnie Cendres La Rouge 

Couple phare de la compagnie Cendres la Rouge, Nadège et Bernard narrent des histoires improbables de
leur naïveté et enthousiasme légendaires. Tantôt scientifiques, tantôt explorateurs, ils embarquent le
public dans des récits à l’humour décalé.

Performance et pratique théâtrale

By | 2021/2022

« PHILTRES D’AMOUR est une performance réalisée à partir de travaux sur la passion amoureuse. Investigation au long cours, nous proposons ici une dramaturgie créée à partir de sources bibliographiques, d’interviews, d’enquêtes de terrain, de collaborations scientifiques et d’autofiction. Inspirés par les travaux de l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, tout particulièrement de son essai Philtre d’Amour, de ceux du botaniste Jean Marie-Pelt sur « les drogues et plantes magiques », de ceux de la sociologue Eva Illouz sur les dépendances affectives, par nos propres perditions et expérimentations, nous exposerons, en connaissance de cause, l’étendue de nos investigations. Elodie Segui s’est intéressée de près aux mécanismes en œuvre au cœur de la passion, à ses désastres et renaissances possibles, ainsi qu’à la grande famille des Zars, des Djinns, aux autres cultes perdus ; aux sortilèges, parfums, prières, rites et paroles ésotériques afin de proposer ici un road-movie amoureux en forme de théâtre documentaire de l’intime. »

Elodie Ségui propose la diffusion de sa performance « philtres d’amour » accompagnée d’un atelier de pratique théâtrale à destination des usagers des 4 EPSM, qui constituent le GHT Psy Nord et Pas-de-Calais.

Les impromptus se déroulent d’avril à juin 2022.