Pouvez-vous nous présenter brièvement le Centre L’espoir ?
Oui, c’est un centre de rééducation et de réadaptation. On y accueille des personnes souffrant de troubles de l’appareil neurologique ou locomoteur. On a également un hôpital de jour et un centre de santé.
Quelle place occupent actuellement la culture et les artistes ici, au sein du centre ?
Grâce à la DRAC avec qui nous sommes en partenariat depuis 2017, on s’inscrit soit dans le programme Circulation (résidences artistiques), soit dans celui de Plaine Santé. C’est la troisième fois qu’on accueille des équipes artistiques dans ce cadre-là.
Qu’est-ce qui vous attire particulièrement dans le programme Plaine Santé ?
Déjà, pour moi, c’est un programme “clé en main”, donc je n’ai pas grand-chose à faire, à part accueillir les artistes dans de bonnes conditions — ce qui est déjà important. Mais ce que j’apprécie particulièrement, c’est que le dispositif s’adresse à tout le monde : patients, personnel, familles, visiteurs… Ce n’est pas ciblé uniquement sur un public. J’aime cette idée d’entièreté. Que tout ce qu’on appelle les “blouses blanches” puissent aussi être intégrées dans le projet, ça me plaît beaucoup.
Cette ouverture à tous les publics, c’est une spécificité du programme Plaine Santé ?
C’est une spécificité des accompagnements proposés par la DRAC, pas uniquement de Plaines Santé. Le programme Circulation fonctionne pareil : c’est pensé pour tout le monde.
Comment procédez-vous pour choisir les artistes ?
On met en place un comité de pilotage composé généralement de thérapeutes, de soignants, de membres de la direction et moi-même. La DRAC nous propose une présélection d’artistes, une vingtaine au total. On en retient trois ou quatre : on classe nos vœux, puis c’est Plaines Santé qui répartit.
Les patients participent-ils à ce choix ?
Pas dans le cadre de Plaines Santé. En revanche, pour le programme Circulation, j’inclus une représentante des usagers dans le choix de l’artiste.
Est-ce que la compagnie Le corps collectif faisait partir de vos choix ?
Oui, elle faisait partie de nos quatre choix. Ce n’est pas moi personnellement qui l’ai choisie, mais on a spécifiquement été attirés par le projet autour de La Petite Casserole. C’était au moment de la sortie du film Un p’tit truc en plus, d’Arthus. Beaucoup l’avaient vu, et ont fait le lien entre les deux.
Ils ont trouvé intéressant qu’une compagnie aborde le handicap avec ce ton-là. On s’est dit que ce serait bien de l’avoir ici.
Et comment se passe leurs interventions ?
Très bien ! C’est leur deuxième passage. On a fait une première déambulation la semaine dernière.
Ils ont été bien accueillis, autant par les patients que par le personnel. C’est peut-être aussi grâce à leur approche humoristique.
Vous disiez que c’était un programme clé en main, mais concrètement, que signifie pour vous “accueillir une compagnie” ? Quelles sont les difficultés et les facilités ?
Ce n’est pas toujours simple. Pas à cause des patients, mais plutôt vis-à-vis du personnel soignant, qui est parfois un peu éloigné du monde artistique et culturel. Ils s’interrogent sur l’intérêt de la présence d’artistes dans un lieu de soin. Ça peut être un vrai défi pour moi, mais aussi un aspect passionnant du travail. On nous prend parfois pour des extraterrestres, que ce soit avec une danseuse, un plasticien ou une troupe de spectacle vivant, comme ici.
Et concrètement, comment vous organisez-vous pour les accueillir ?
L’idée, c’est de les rendre visibles, partout. Le centre est très grand, il faut beaucoup marcher, beaucoup se déplacer entre les services. Les artistes jouent un rôle de lien entre ces différents services. Cette transversalité est essentielle pour moi. Il faut aussi que tout le monde sache qu’ils sont là — c’est primordial.
Et pour les soignants qui sont parfois réticents, comment faites-vous pour les inclure davantage ?
C’est pour ça que le comité de pilotage est important : pour qu’ils aient leur mot à dire dans le choix ou l’accueil des artistes. Avec cette compagnie-là, c’est encore plus facile car ils fonctionnent avec des “impromptus”. Il n’y a pas de communication préalable : l’intervention artistique est une surprise.
Ils débarquent dans un service, lancent une performance, et les gens sont pris sur le vif, obligés de participer. J’avais un peu peur que ça tombe à plat, surtout dans des endroits plus isolés, mais là, ça a bien marché.