Julien, Chloé, quels sont vos ressentis juste après cette intervention ?
Julien : Je suis content. Ces interventions nous permettent d’expérimenter des choses. Aujourd’hui par exemple, j’ai lu des nouveaux textes : j’ai terminé d’écrire le dernier hier soir. Je me suis rendu compte qu’il y avait des mots qui percutent les auditeurs : la passiflore, le parquet, les truites.
Chloé : Oui, c’est un laboratoire d’expérimentations. Au départ, je devais dessiner sur des vitres. Mais parfois, ça n’a pas été possible. Alors je suis passée au papier. La première fois j’ai fait les dessins à l’aquarelle. Mais c’est long, ça coule. Aujourd’hui c’est la première fois que je testais avec les pastels. Et j’ai bien aimé !
Julien, tu as choisi d’inviter d’autres artistes pour certains de tes impromptus. Aujourd’hui, il s’agit de Chloé. Pourquoi ?
Julien : Je suis convaincu qu’un texte lu raisonne ensuite dans la personne. Mais si tu laisses un dessin, il raisonne plus encore. La démarche de la compagnie, ce sont les mots. Les mots qui prennent soin, les mots qui aident, qui soutiennent. Il y a une démarche portée sur la bibliothérapie. Le texte résonne aussi chez la personne qui m’accompagne. Pour moi le critère d’un bon spectacle, c’est la rémanence : qu’est-ce qu’il reste ? qu’est-ce qui raisonne ? Laisser un dessin c’est laisser une trace.
Chloé : Oui, puis parfois, les gens ne savent pas quoi faire ou qui regarder pendant la lecture, alors ils peuvent me regarder dessiner. Avec les enfants, ils ont beaucoup regardé le dessin pendant la lecture. Là aujourd’hui, je les ai trouvés en face à face avec toi. Ils te regardaient, réagissaient à certains mots.
Chloé, quant à toi, pourquoi as-tu accepté l’invitation de Julien ?
Je trouvais intéressant de confronter mon univers avec celui de quelqu’un d’autre. J’aime beaucoup l’écriture de Julien. Elle est très illustrée ce qui me permet d’avoir des images en tête assez rapidement. On a une bonne complicité et j’aimais cette proposition au chevet. Je n’avais jamais fait de dessins au chevet donc cela m’intéressait.
Chloé, ce n’est pas ta première participation à Plaines Santé, tu étais intervenue l’année dernière avec ta compagnie, La Rustine. Qu’est ce qui t’intéresse dans ce dispositif ?
Le contact des gens. Je trouve ça bien de développer dessin et soin. Ce sont des milieux fermés, et nous venons leur apporter un ailleurs. J’aime bien aussi travailler avec les personnes âgées. Cette expérience-là me donne envie de creuser. Elle me conforte et me donne des idées pour des futurs projets !
Julien, comment as-tu travaillé à l’écriture de ces textes ?
Pour les textes lus aujourd’hui, je me suis inspiré d’un auteur hongrois Dan Jacz. Ma démarche est aussi inspirée des recherches sur les neurones miroirs, une théorie en neurosciences qui stipule que : les mêmes zones neuronales sont stimulées si je fais l’action physiquement ou si j’entends juste le mot, ou le verbe qui désigne l’action. Donc dans mes textes, il y a beaucoup de verbes d’action. On avance. On progresse dans une linéarité. On ne perd pas l’auditeur ou l’auditrice. Le champ lexical est aussi choisi scrupuleusement : nature, fleurs, animaux, avec l’idée que le mot va à un moment réveiller des choses profondes chez la personne.